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Ann Toxicol Anal
Volume 15, Number 1, 2003
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Page(s) | 21 - 29 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2003031 | |
Published online | 30 March 2009 |
Ochratoxine A et néphropathie humaine en Tunisie : dix ans d'étude
Ochratoxin A and human nephropathy in Tunisia : a ten year survey
1
Laboratoire de Recherche sur les Substances Biologiquement Compatibles (LRSBC), Faculté de Médecine
Dentaire, Rue Avicenne, 5019 Monastir, Tunisie
2
Service de Néphrologie, CHU et Faculté de Médecine, Rue Avicenne, 5019 Monastir, Tunisie
3
Laboratoire de Biochimie, Faculté de Pharmacie, Rue Avicenne, 5019 Monastir, Tunisie
4
Laboratoire de Toxicologie et d'Hygiène Appliquée, UFR des Sciences Pharmaceutiques, Université
Bordeaux II, 146, Rue Léo Saignat, 33076 Bordeaux Cedex, France
Reçu :
2
Août
2002
Accepté :
20
Septembre
2002
L'ochratoxine A (OTA) est une mycotoxine connue essentiellement pour ses effets néphrotoxiques. Des études réalisées dans les régions balkaniques ont fortement soupçonné l'OTA d'être le principal agent causal de la Néphropathie Endémique des Balkans (NEB). Cependant, malgré les nombreuses investigations réalisées, l'implication de l'OTA dans cette néphropathie humaine est encore sujette à controverse. En Tunisie, une néphropathie interstitielle chronique (NIC) à étiologie indéterminée, similaire à la NEB, où l'OTA semble également être impliquée, a été bien caractérisée. Dans ce travail, nous nous proposons d'apporter des preuves supplémentaires impliquant davantage l'OTA dans cette néphropathie. Nous présentons le bilan d'une étude rétrospective de dix ans (1991-2001) engageant 954 néphropathes et 205 individus sains. Dans ce bilan, nous comparons les contaminations sériques en OTA dans trois groupes : un groupe d'individus sains ne présentant aucune pathologie (205 sujets), un groupe de néphropathes présentant une NIC inexpliquée (383 sujets) et un groupe de néphropathes à étiologie connue (571 sujets). La détection et le dosage de l'OTA sont réalisés après extraction à partir des échantillons sériques suivie d'une analyse par chromatographie liquide haute performance (HPLC) avec détection de fluorescence. Nous montrons que l'incidence la plus importante de la contamination sérique en OTA est trouvée dans le groupe présentant une NIC inexpliquée. En effet, dans ce groupe, le pourcentage d'individus OTA-positifs est de 97 % et il n'est que de 73 % et de 86 % respectivement chez les individus sains et chez ceux présentant d'autres néphropathies à étiologie connue. Les concentrations moyennes sont également plus élevées dans le groupe de NIC d'étiologie inconnue (50.77 ± 4.75 ng/ml) que dans les autres groupes de contrôle (2.35 ± 0.90 ng/ml) ou de néphropathes à etiologies connues (9.96 ± 3 ng/ml). Notre étude renforce davantage le rôle de VOTA dans cette néphropathie et la désigne comme agent causal très probable.
Abstract
Ochratoxin A (OTA) is a mycotoxin essentially known for its nephrotoxic effects. Studies performed in the Balkans pointed out OTA as the main causal agent of Balkan Endemic Nephropathy (BEN). However, despite the considerable amount of data regarding this disease, it is still controversial whether OTA plays a causative or only a subordinate role in the induction of this human nephropathy. In Tunisia, a chronic interstitial nephropathy (CIN) of unknown cause, perfectly similar to BEN, was well characterised and wherein OTA seems to be also implicated. In this study, we tried to consolidate the suspected link between blood OTA contamination and Tunisian Chronic Interstitial Nephropathy (CIN) of unknown aetiology. Indeed, we give hereby the assessment of a 10-years retrospective study (1991-2001) including 954 nephropathy patients and 205 healthy subjects. In this survey, we have compared frequency of positive samples, the means and the range of blood OTA contamination in three groups : a group of healthy subjects with no pathology (205 subjects), a group presenting CIN of unknown cause (381 subjects) and a group with other chronic kidney disease of known cause (571 subjects). OTA detection and assay were performed after serum samples extraction followed by high performance liquid chromatography (HPLC) analysis with fluorescence detection. Our results show that the highest incidence was found in CIN of unknown cause group. Indeed, in this group, the percentage of OTA-positive samples is up to 97 % whereas it is only 73 % and 86 % respectively in control and in other kidney disease groups. The mean concentrations are also highest in CIN of unknown cause group (50.77 ± 4.75 ng/ml) as opposed to controls (2.35 ± 0.90 ng/ml) and other chronic kidney diseases group (9.96 ± 3 ng/ml). Our study emphasizes further the implication of OTA in this particular human nephropathy and underlines the probable causative role of OTA in the onset of this disease.
Mots clés : ochratoxine A / sang / HPLC / néphropathie humaine / Tunisie
Key words: ochratoxin A / blood / HPLC / human nephropathy / Tunisia
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2003