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Ann Toxicol Anal
Volume 13, Number 2, 2001
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Page(s) | 69 - 74 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2001004 | |
Published online | 08 April 2009 |
Benzodiazépines : vous avez dit concentrations mortelles...
Benzodiazepines: fatal concentrations isn't it ?
1
Laboratoire de Pharmacocinétique et de Toxicologie Clinique - Groupe Hospitalier
B.P. 24 - 76083 LE HAVRE Cedex - Tél : 02 32 73 32 18 - Fax : 02 32 73 32 38
2
Service de Réanimation Médicale - Groupe Hospitalier
B.P. 24 - 76083 LE HAVRE Cedex - Tél : 02 32 73 31 90 - Fax : 02 32 73 32 41
3
Département Accueil du Traitement des Urgences - Groupe Hospitalier
B.P. 24 - 76083 LE HAVRE Cedex - Tél : 02 32 73 31 63 - Fax : 02 32 73 34 12
4
Service d'Accueil Médical d'Urgence - Groupe Hospitalier
B.P. 24 - 76083 LE HAVRE Cedex - Tél : 02 32 73 31 31
5
Institut de Médecine Légale, 11, rue Humann - 67000 STRASBOURG
Tél : 03 90 24 33 47 - Fax : 03 90 24 33 62
Reçu :
26
Avril
2001
Accepté :
21
Mai
2001
L'objectif de ce travail est de présenter deux cas d'ingestion massive de benzodiazépines (BZD) et de montrer l'extraordinaire tolérance de sujets accoutumés à la consommation de ces molécules. La première observation concerne un homme de 44 ans, en invalidité pour dépression, traité par venlafaxine et clorazépate qui ingère, suite à un différent familial 34,5 g de clorazépate. A l'arrivée aux urgences, le malade est somnolent mais réveillable. Il est admis par sécurité en réanimation malgré un score de Glasgow à 15. Il est somnolent pendant 3 jours. Il est ensuite transféré en médecine puis en psychiatrie et quitte l'hôpital le 12ème jour. Onze prélèvements sanguins sont réalisés ainsi qu 'un prélèvement de cheveux. La seconde observation est celle d'une femme de 38 ans, ancienne toxicomane par voie veineuse, VIH 1 positive, qui consulte dans le cadre du traitement de son SIDA. En raison de troubles de la vigilance ainsi que de l'élocution, le médecin demande un bilan toxicologique sanguin et urinaire, orienté vers la recherche de stupéfiants. Des cheveux sont prélevés. Dans les deux cas, l'identification et le dosage des BZD plasmatiques sont réalisés par CL/UV/BD et le dosage des BZD dans les cheveux par CG/SM en mode ionisation chimique négative. Pour la première observation les concentrations sanguines varient sur la période de 12 jours entre 54 et 19 mg/l pour le nordazépam et de 6,53 à 0,35 mg/l pour l'oxazepam. Les dosages dans les cheveux montrent des concentrations respectives de 6,23 et 0,95 ng/mg. Quant à la seconde observation, les dosages sanguins et capillaires permettent de mettre en évidence une conduite toxicophile aux BZD : nordazépam 31,7 mg/l et 5,77 ng/mg ; diazépam 8,2 mg/l et 3,02 ng/mg ; oxazépam 3,2 mg/l et 0,67 ng/mg ; lorazépam 0,26 mg/l et 0,26 ng/mg ; lormétazépam 0,18 mg/l et 0,39 ng/mg. Ces deux observations mettent en évidence des phénomènes d'accoutumance et de tolérance chez des sujets présentant des conduites toxicophiles anciennes. Elles contrastent avec les cas décrits dans la littérature de sujets décédés d'intoxications mettant en cause uniquement une BZD, mais également avec les cas tirés de notre expérience médico-légale, pour lesquels les concentrations mesurées, admises comme étant à l'origine du décès, sont souvent nettement inférieures à celles mesurées chez ces deux malades.
Abstract
The purpose of this paper is to present two cases of severe intoxication with benzodiazepines (BZD) and the extraordinary individual tolerance to these compounds. The first case is that of a 44-year-old man, having a bad fit of depression, treated with venlafaxine and clorazepate who ingested 34.5 g of clorazepate after a domestic quarrel. When admitted to the hospital, the patient was drowsy without coma. Despite a Glasgow's score of 15, he was admitted to the emergency unit. There, he remained sleepy for 3 days. Then he was admitted in a medical unit, later in a psychiatric unit and left the hospital after 12 days. Eleven blood samples, as well hair samples, were collected. The second case concerns a 38-year-old woman, addicted in the past to heroin, HIV 1 positive, who consulted for AIDS treatment. The physician collected blood, urine and hair for toxicological screening (especially drugs of abuse), because of wording and balance disorders. In both cases, BZD were assayed by HPLC/DAD in blood and by GC/MS using negative chemical ionization in hair. In the first case, blood concentrations decreased over the 12 day-period from 54 to 19 mg/l for nordazepam and from 6.53 to 0.35 mg/l for oxazepam. The respective hair concentrations were 6.23 and 0.95 ng/mg. In the second case, blood and hair determination demonstrated the addiction to BZD : nordazepam 31.7 mg/l and 5.77 ng/mg ; diazepam 8.2 mg/l and 3.02 ng/mg ; oxazepam 3.2 mg/l and 0.67 ng/mg ; lorazepam 0.26 mg/l and 0.26 ng/mg ; lormetazepam 0.18 and 0.39 ng/mg. These results clearly document the extraordinary tolerance to BZD in subjects exposed to these drugs. These cases contrast with those previously published concerning subjects who died from single BZD poisoning, but also with our forensic cases, in which so-called ‘fatal’ blood concentrations are often lower than those measured in these two patients.
Mots clés : intoxication / benzodiazépines / sang / cheveux
Key words: intoxication / benzodiazepines / blood / hair analysis
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2001