Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 24, Numéro 3, 2012
|
|
---|---|---|
Page(s) | 113 - 118 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2012020 | |
Publié en ligne | 12 décembre 2012 |
Revue de la législation / Review of legislation
La toxicité du khat impose-t-elle une modification de la réglementation de son usage en Europe?
Does khat’s toxicity require a change in the control of its use in Europe?
1
Centre hospitalier universitaire, Service de médecine légale, 2
rue Henri Le Guilloux, 35033
Rennes Cedex 9,
France
2
Université de Rennes 1, Faculté de médecine,
2 avenue du Professeur Léon
Bernard, 35043
Rennes Cedex,
France
⋆ Correspondance : Renaud Bouvet, renaud.bouvet@chu-rennes.fr
Reçu : 28 Juin 2012
Accepté : 15 Octobre 2012
Objectif : La consommation de khat (Catha edulis Forsk) est une pratique largement répandue dans les populations de l’est de l’Afrique. En Europe, elle concerne les migrants de première génération et leurs descendants. Le khat ne fait pas l’objet de contrôle au titre des conventions de l’ONU, lesquelles s’appuient sur une recommandation de l’OMS. Cependant, les États demeurent libres de réglementer le khat dans le cadre de leur législation nationale; c’est le cas de la France et de certains pays européens. Cette discordance entre les réglementations interroge sur la dangerosité réelle ou supposée de cette plante. Méthodes : Nous avons utilisé le moteur de recherche bibliographique PubMed pour identifier les publications pertinentes relatives à sa toxicité. Résultats : L’usage chronique de khat est associé à des altérations de la régulation de la pression artérielle, et à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde. Comme le cannabis, le khat peut être impliqué dans la survenue de troubles psychotiques. Le risque addictif n’est pas exclu. Chez l’animal, plusieurs études suggèrent que l’usage de khat favorise l’agressivité. Le caractère cancérogène n’est pas établi même si la génotoxicité est suspectée in vivo. Conclusion : Le risque de complications cardio-vasculaires et psychiatriques de l’usage régulier de khat, son caractère potentiellement cancérogène et la parenté chimique de la cathinone avec l’amphétamine sont autant d’arguments pour justifier l’inscription du khat sur la liste des stupéfiants réglementés.
Abstract
Objectives: Khat (Catha edulis Forsk) consumption is a widespread practice in populations of Eastern Africa. In Europe, it concerns the first-generation migrants and their descendants. Khat is not subject to control under UN conventions, which are based on a WHO recommendation. However, states remain free to regulate khat within the framework of their national legislation, such as in France and some European countries. This discordance among regulations questions the real or supposed dangerousness of this plant. Methods: We used the search engine of the bibliographic database PubMed, in order to identify the relevant publications on khat’s toxicity. Results: Chronic use of khat is associated with deteriorations in the regulation of blood pressure, and an increased risk of myocardial infarction. Like cannabis, khat can be involved in the onset of psychotic disorders. The risk of addiction is not excluded. In animals, several studies suggest that khat use encourages aggressiveness. The carcinogenic nature has not been established, although genotoxicity is suspected in vivo. Conclusions: The risk of cardiovascular and psychiatric complications due to frequent use of khat, its potentially carcinogenic nature, and the chemical relationship of cathinone with amphetamine justify the inscription of khat in the list of controlled narcotics.
Mots clés : Khat / stupéfiant / réglementation
Key words: Khat / narcotic / regulation
© Société Française de Toxicologie Analytique 2012