Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 24, Numéro 1, 2012
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Page(s) | 33 - 37 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2011134 | |
Publié en ligne | 3 février 2012 |
Étude de cas / Case study
Cas clinique : à propos d’une intoxication à la strychnine par la teinture mère Nux vomica
Case report: concerning strychnine poisoning by Nux vomica mother tincture
1
CHU RENNES, Laboratoire de toxicologie biologique et
médico-légale, 35033
Rennes,
France
2
CHU RENNES, Centre Antipoison et Toxicovigilance,
35033
Rennes,
France
* Isabelle Morel, isabelle.morel@chu-rennes.fr
Reçu : 7 Octobre 2011
Accepté : 2 Décembre 2011
Introduction : Les teintures mères employées en phytothérapie et homéopathie ne sont pas dénuées de toxicité. C’est le cas de la teinture mère homéopathique de Nux vomica (Strychnos Nux vomica), qui contient plusieurs alcaloïdes indoliques dont la strychnine. Les intoxications par la strychnine sont devenues rarissimes mais restent cependant potentiellement graves. Méthode : Nous présentons le cas d’une patiente, boulimique, admise aux urgences pour des spasmes musculaires douloureux et crises hypertoniques avec blocage respiratoire, symptômes pouvant correspondre à ceux d’une intoxication à la strychnine. Afin de rechercher une éventuelle cause toxique à ces manifestations cliniques, un screening toxicologique est réalisé par extraction des échantillons biologiques sur Toxitube A® puis analyse par une méthode de chromatographie en phase liquide couplée à une détection en barrette de diodes (UPLC-DAD, Acquity, Waters). Résultats : Le screening toxicologique a mis en évidence la présence de strychnine dans l’échantillon sanguin, ce qui a été corroboré ultérieurement par la patiente qui a indiqué avoir absorbé, dans un but vomitif lors d’un accès boulimique, la totalité d’un flacon de teinture mère de Nux vomica, ce qui correspondait à une dose ingérée de 212 mg de strychnine. Aucune autre substance, toxique, médicamenteuse ou stupéfiante, n’a été détectée lors du screening initial réalisé à l’admission. La prise en charge thérapeutique de la patiente a consisté en un traitement médicamenteux symptomatique à base de diazepam et de paracétamol avec surveillance des fonctions vitales, notamment respiratoires. Le dosage de strychnine dans les prélèvements sanguins a permis de suivre l’évolution de l’intoxication au cours de l’hospitalisation. Une concentration de 3 mg/L a été déterminée en début d’hospitalisation suivie d’une décroissance à 0,5 mg/L au deuxième jour, avec évolution clinique favorable de la patiente. Conclusion : Bien que les intoxications à la strychnine soient devenues exceptionnelles de nos jours, celles-ci ne doivent pas être oubliées et doivent continuer à faire partie des recherches effectuées lors du screening toxicologique.
Abstract
Introduction: Phytotherapic and homeopathic mother tinctures are not devoid of toxicity. This is the case of Nux vomica tincture (Strychnos Nux vomica), which contains indole alkaloids including strychnine. Strychnine intoxications are unusual but remain potentially serious. Methods: We present here the case of a bulimic woman who was admitted to the emergency unit for painful muscle spasms and hypertonic crisis with respiratory blocking. These symptoms may be attributed to strychnine poisoning. In order to investigate a possible toxic origin of these clinical manifestations, a toxicological screening was performed by extraction of biological samples with Toxitube A®, then analysis using liquid chromatography coupled with diode array detection (UPLC-DAD, Acquity, Waters). Results: Toxicological screening revealed the presence of strychnine in the blood sample. This was corroborated by the patient, who explained that she had swallowed a whole bottle of Nux vomica mother tincture, as an emetic during a bulimic episode. This corresponded to 212 mg strychnine ingested. No other toxic, drug or narcotic substance was detected by the toxicological screening performed at admission. The therapeutic patient management consisted of symptomatic medication by diazepam and paracetamol, and monitoring biological parameters and vital functions including breathing functions. Determination of strychnine concentrations in blood samples contributed to the control of poisoning evolution. A blood concentration of 3 mg/L was first evaluated at admission of the patient, followed by a progressive decrease to 0.5 mg/L on the second day, with the favourable clinical evolution of the patient. Conclusion: Although strychnine poisoning has become exceptional today, it should be kept in mind and should still be tested for during toxicological screening.
Mots clés : Strychnine / intoxication aiguë / Nux vomica / UPLC-DAD
Key words: Strychnine / Nux vomica / acute poisoning / UPLC-DAD
© Société Française de Toxicologie Analytique 2012