Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 24, Numéro 1, 2012
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Page(s) | 39 - 47 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2012001 | |
Publié en ligne | 30 mai 2012 |
Étude de cas / Case report
Intoxication mortelle à l’iboga : quantification de l’ibogaïne et de l’ibogamine dans des racines d’iboga et dans des prélèvements post-mortem par CPG-SM/SM
Fatal intoxication after taking iboga: GC-MS/MS determination of ibogaine and ibogamine in iboga roots and post-mortem material
1
Laboratoire LAT LUMTOX, 800 av. Marie Curie, Z.I. Jean Jaurès, 07800
La Voulte sur Rhône,
France
2
Service de Médecine Légale, Hôpital Bellevue, 25 bd Pasteur, 42055
Saint-Étienne,
France
3
Laboratoire LAT LUMTOX, 98 av. des Frères Lumière, 69008
Lyon, France
4
Centre d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance de Lyon, 162
av. Lacassagne, 69424
Lyon, France
5
Laboratoire de Toxicologie, Faculté de pharmacie de Lyon,
8 av. Rockefeller, 69373
Lyon, France
* Correspondance : Jérémy Carlier, j.carlier@latlumtox.com
Reçu :
23
Août
2011
Accepté :
2
Mars
2012
Objectif :Tabernanthe iboga, ou iboga est un arbuste issu des régions africaines équatoriales dont la racine est couramment consommée pour ses propriétés stimulantes et hallucinogènes. L’ibogaïne, principal alcaloïde de la plante, est à l’origine de ses effets psychotropes. Nous rapportons le cas d’un homme de 27 ans, traînant un lourd passif de toxicomane, retrouvé mort en 2006, une douzaine d’heures après l’ingestion d’une poudre de racine d’iboga dans le cadre d’un stage de désintoxication. L’ibogaïne et l’ibogamine ont été identifiés et quantifiés dans la poudre ingérée et dans les fluides biologiques prélevés lors de la levée de corps et de l’autopsie. Méthodes : L’analyse a été réalisée en chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse en tandem (CPG-SM/SM impact électronique-trappe d’ions) après une étape d’extraction liquide-liquide pour les liquides biologiques. Résultats : L’ibogaïne et l’ibogamine ont été mesurées respectivement à 0,65, 1,27, 1,71 et 53,5 µg mL–1 et à 0,05, 0,10, 0,12 et 4,34 µg mL–1 dans le sang périphérique prélevé lors de la levée de corps, le sang périphérique, les urines et le liquide gastrique issus de l’autopsie. La poudre a été titrée à 7,2 et 0,6 % pour l’ibogaïne et l’ibogamine, respectivement. Conclusion : La présence, dans tous les prélèvements biologiques, des deux molécules recherchées est cohérente avec l’absorption récente de racines de Tabernanthe iboga. La consommation conjointe d’autres dépresseurs du système nerveux central (diazépam et méthadone), mis en évidence par des analyses toxicologiques complémentaires, confirme l’hypothèse d’un décès dont l’origine serait due à une surdose mixte dont le principal toxique est l’ibogaïne.
Abstract
Objective:Tabernanthe iboga, or iboga, is a shrub native to equatorial Africa. Its root is commonly taken as a stimulant and hallucinogen. Ibogaine, the principal alcaloid in the plant, is the source of its psychotropic effects. We report the case of a 27-year-old man with a long history of drug addiction who was found dead in 2006, 12 hours after ingesting powdered iboga root as part of a detoxification programme. Ibogaine and ibogamine were identified and quantified in the powder ingested and in the body fluid samples taken at the scene of death and during the autopsy. Methods: Analysis was carried out using GC-MS/MS (electron impact – ion trap) after performing liquid-liquid extraction on the body fluids. Results: The concentrations measured in the post-mortem peripheral blood samples taken at the scene, and in the peripheral blood, urine and gastric juice samples taken during the autopsy were: 0.65, 1.27, 1.71 and 53.5 µg mL–1 for ibogaine; and 0.05, 0.10, 1.12 and 4.34 µg mL–1 for ibogamine. The powder was titrated at 7.2 per cent for ibogaine and 0.6 per cent for ibogamine. Conclusion: The presence of the two molecules in the biological samples was consistent with the recent ingestion of Tabernanthe iboga roots. The combined consumption of other central nervous system depressants (diazepam and methadone), revealed by further toxicological analysis, confirms the hypothesis of death caused by mixed overdose, of which the principal toxin was ibogaine.
Mots clés : Tabernanthe iboga / ibogaïne / ibogamine / CPG-SM/SM / empoisonnement
Key words: Tabernanthe iboga / ibogaïne / ibogamine / GC-MS/MS / poisoning
© Société Française de Toxicologie Analytique 2012