Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 22, Numéro 1, 2010
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Page(s) | 11 - 17 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2010005 | |
Publié en ligne | 4 mars 2010 |
Article original
Crises convulsives inexpliquées chez un nouveau-né : évoquer le syndrome de Munchausen par procuration
Unexplained seizures in a newborn: think of Munchausen syndrome by proxy
1
Laboratoire de Pharmacologie et des gaz du sang Service de Pharmacologie
Clinique, Groupe Hospitalier Sud, 80054
Amiens Cedex 1,
France
2
Service de Neurologie Pédiatrique, CHU Amiens, France
3
Service de Médecine Légale, CHU Amiens, France
4
Laboratoire de Pharmacologie Toxicologie, CHU Garches, France
* Correspondance : Anne-Sophie Lemaire-Hurtel,
hurtel.anne-sophie@chu-amiens.fr
Reçu :
21
Octobre
2009
Accepté :
4
Février
2010
Introduction : Nous rapportons le cas d’un nouveau-né hospitalisé en réanimation pour crises convulsives d’étiologie inconnue. Patient et méthodes : Pendant son hospitalisation, l’enfant présente 6 épisodes d’altération de la vigilance d’apparition brutale, des mouvements anormaux et une hypotonie. La mise en place d’une sonde naso-gastrique dans un but d’alimentation ramène un liquide épais de couleur violette. Un screening toxicologique en CG-SM et CLHP-BD est alors réalisé, avec dosage des molécules retrouvées par techniques spécifiques. D’autres prélèvements (sang, urines, aspiration gastrique, médicaments administrés, biberons, cheveux) sont effectués. Les cheveux sont analysés par CL-SM/SM pour recherche des psychotropes. Résultats : Du bromazépam, du phénobarbital, du diazépam et son métabolite, le nordiazépam sont identifiés dans le liquide violet alors que seuls le phénobarbital et le diazépam lui sont prescrits. L’analyse non segmentaire des cheveux prélevés 15 jours plus tard montre la présence de 5 psychotropes : diazépam : 18 pg/mg mais également bromazépam : 142 pg/mg, clobazam : 11 pg/mg, zolpidem : 276 pg/mg et cyamémazine : 110 pg/mg n’appartenant pas à son traitement. Discussion : Les épisodes de somnolence rythmés par la venue des parents et la mise en évidence d’une solution violette dans le contenu gastrique a alerté les cliniciens sur un possible syndrome de Munchausen par procuration, forme particulière de maltraitance. Les résultats des analyses toxicologiques semblent conforter leur suspicion. Conclusion : Un signalement a conduit à un placement de l’enfant. La prise en charge médicale de cette situation à l’issue judiciaire doit être menée correctement et en étroite collaboration avec le biologiste toxicologue.
Abstract
Introduction: We report the case of an infant (4 months) hospitalized in a neurological intensive care unit for seizures from unknown aetiology. Patient and method: During the stay in hospital, were observed repeatedly, on six times, a very sudden drowsiness, abnormal motions and a hypotonia.The feeding tube brought back a thick purple liquid. A toxicological screening (GC-MS and HPLC-DAD) was performed on a sample of this liquid. Other samples were collected from blood, urine, gastric liquid, administered drugs, milk from the feeding bottle and hair. Hairs were tested by LC-MS/MS in search of psychotropic drugs. Results: In the purple liquid were found: bromazepam, phenobarbital, diazepam and its metabolite nordazepam. Only phenobarbital and diazepam had been prescribed. The test on the hairs taken 15 days later, showed 5 psychotropic drugs: diazepam (18 pg/mg), bromazepam (142 pg/mg), clobazam (11 pg/mg), zolpidem (276 pg/mg) and cyamemazine (110 pg/mg). Discussion: The phases of drowsiness seemed to tally with the parents visits. The mother was found to have an odd-looking behaviour. A purple liquid was found in the infant stomach. All these 3 facts drew the attention of the clinical staff to a possible Munchausen syndrome by proxy, a particular form of ill-treatment of children. The results of the toxicological tests seemed to back up their suspicion. Conclusion: The hair tests showed 4 psychotropic drugs which were not prescribed by the paediatricians. The fact was reported to a judge. By a judicial decision, the parents were deprived of the custody of the infant. The medical management of this kind of situation with a legal outcome must be carried out properly in close collaboration with toxicologist.
Mots clés : Syndrome de Münchausen par procuration / CL-SM/SM / analyse des cheveux
Key words: Munchausen syndrome by proxy / LC-MS/MS / hair testing
© Société Française de Toxicologie Analytique 2010