Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 15, Numéro 2, 2003
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Page(s) | 77 - 82 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2003019 | |
Publié en ligne | 24 mars 2009 |
Le risque accidentogène d'une consommation de stupéfiants est-il bien établi ?
Is the risk of road crash after a drugs of abuse intake well documented ?
Laboratoire de Biochimie et Toxicologie, Centre Hospitalier Universitaire, BP 577, 86021 Poitiers, France
Reçu :
10
Avril
2003
Accepté :
5
Mai
2003
Une étude multicentrique cas-témoins, réalisée récemment en France, a montré que la fréquence des accidents corporels de la voie publique était multiplié par 2,5 (odds-ratio) avec un usage récent de cannabis et par 8,2 lorsque la morphine était présente dans le sang des conducteurs. Ces résultats confirment les données obtenues par de très nombreuses études de prévalence réalisées en France et dans de nombreux autres pays. Ce risque de survenue d'accidents induit par une consommation récente de stupéfiants n'est cependant pas mis en évidence uniquement par ces études épidémiologiques. Il existe en effet de nombreux autres arguments scientifiques. Le cannabis, les amphétamines, la cocaïne et les opiacés sont des substances psychoactives, modifiant de manière significative la libération et/ou la recapture de certains neurotransmetteurs au niveau des synapses neuronales, ce qui se traduit par une altération des fonctions cognitives et motrices. Les conséquences de ces dysfonctionnements neuronaux (notamment les troubles de la vision, de la vigilance et de l'équilibre) peuvent être objectivées par des tests comportementaux. Par ailleurs, les études réalisées sur simulateurs de conduite ou sur circuits montrent que l'usage de ces stupéfiants augmente le risque d'erreurs de conduite. Prenant en compte l'ensemble de ces arguments, les auteurs en concluent que le risque accidentogène lié à une consommation de stupéfiants est aujourd'hui bien établi et qu'une large information auprès des conducteurs et en particulier auprès des jeunes est désormais nécessaire et urgente.
Abstract
A collaborative French case-control study revealed that the number of non-fatal accidents was increased by 2.5 (oddsratio) with a recent intake of cannabis and by 8.2 when morphine was present in blood of drivers. These data confirm the results of numerous prevalence studies performed in France and many other countries. Moreover, the causal role for drugs of abuse in road crashes is not only attested by epidemiological studies, and numerous additional scientific arguments exist. Cannabis, amphetamines, cocaine and opiates are psychoactive compounds, modifying significantly the release and/or the recapture of neurotransmitters in synaptic areas, which leads to alterations of both motor and cognitive functions. The consequences of such neuronal dysfunctions (and particularly vision, vigilance and equilibrium troubles) can be highlighted by behavioral tests. Studies performed by driving simulators or even in "realistic" situations on closed or open -roads demonstrate that a recent intake of drugs of abuse increases the risk of driving faults. Taking into account all these arguments, the authors conclude that the risk of accident in case of drug of abuse exposure is now well established and that it is necessary to address informations about this risk to drivers and more particularly young drivers.
Mots clés : cannabis / amphétamines / cocaïne / opiacés / stupéfiants / conduite automobile / accidents
Key words: cannabis / cocaine / amphetamines / opiates / drugs of abuse / car driving / road crashes
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2003