Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 15, Numéro 2, 2003
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Page(s) | 71 - 76 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2003018 | |
Publié en ligne | 24 mars 2009 |
Effets des stupéfiants sur la conduite automobile
Effects of narcotic drugs on driving
Laboratoire de Toxicologie, Faculté des Sciences Pharmaceutiques, Université de Rennes 1, 2, Avenue du Professeur Léon Bernard, 35043 Rennes Cedex
Reçu :
25
Avril
2003
Accepté :
5
Mai
2003
Après absorption par différentes voies (pulmonaire, intra-nasal, orale ou parentérale), les psychotropes illicites (cannabis, cocaïne, opiacés et amphétamines) franchissent la barrière hémato-encéphalique et gagnent le cerveau dont ils vont perturber le fonctionnement en mimant l'action ou en bloquant la sécrétion ou enfin en empêchant la recapture de certains neuromédiateurs. Ainsi les opiacés inhibent sélectivement de nombreuses activités neuronales induites par des stimulis excitateurs si bien que l'information arrive au cerveau non seulement « en retard » mais considérablement amoindrie, voire déformée et les réactions sont également diminuées. La cocaïne et les amphétamines sont à l'inverse de puissants psychostimulants. Ces composés inhibent, au niveau cérébral la recapture des amines biogènes (noradrénaline, dopamine, sérotonine) ce qui induit un accroissement de la neurotransmission. Sous leur influence, la vigilance augmente, le temps de réaction s'améliore. Cependant d'autres effets associés comme l'euphorie, l'agressivité, la fatigue liée à l'insomnie conduisent à des comportements parfois irrationnels et dangereux. Le cannabis entraîne une désinhibition, un état de somnolence avec détérioration de la perception temporelle et spatiale. D'une façon générale, le dysfonctionnement cérébral induit par la prise de ces stupéfiants modifie plus ou moins profondément le comportement du conducteur qui ne sera plus en mesure de juger sainement une situation critique et pourra, en conséquence, soit sous estimer le risque ou au contraire aura tendance à augmenter la prise de risque et dans certaines circonstances à favoriser l'accident.
Abstract
After absorption by various routes (pulmonary, intra-nasal, oral or parenteral) psychotropic drugs (cannabis, cocaine, opiates and amphetamines) cross the blood-brain barrier, reach the brain and disrupt its functions by mimicking the action, or by blocking secretion or at least by preventing the recapture of some neuromediators. Thus, as opiates selectively inhibit many neuronal activities induced by excitation stimuli, the information that gets to the brain is not only delayed but considerably weakened. The cocaine and amphetamines are to reverse of powerful psychostimulants. These compounds inhibit recapture in the brain of biogen amines (adrenaline, dopamine, serotonin), which induces increased neurotransmission. Under their influence, vigilance increases and reaction time is shorter. However other associated effects such as euphoria, aggressiveness and tiredness linked to insomnia, sometimes lead to dangerous behaviours. Cannabis induces desinhibition, drowsiness, and an alteration of temporal and spatial perception. In general brain dysfunction induced by taking these drugs has a more or less profound effect on the driver's behaviour. He will no longer be able to assess a critical situation soundly and will, as a result, either underestimate risks or on the contrary have a tendency to take more risks and in some circumstances that may increase the risk of accidents.
Mots clés : stupéfiants / conduite automobile
Key words: narcotic drugs / impaired driving
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2003