Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 14, Numéro 4, 2002
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Page(s) | 412 - 416 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2002009 | |
Publié en ligne | 30 mars 2009 |
Le cannabis : quelle place dans la soumission chimique ?
Cannabis : which occurence in chemical submission ?
1
Laboratoire de Biochimie et Toxicologie, Centre
Hospitalier Universitaire, BP 577, 86021 Poitiers
2
Laboratoire de Police Scientifique, 23, Boulevard de l'Embouchure, 31021 Toulouse
3
Centre Hospitalier Général, 104, Boulevard Poincaré, 92380 Garches
4
Centre Hospitalier Général, BP 24, 76083 Le Havre
5
Institut de Médecine Légale, 11, rue Humann, 67085 Strasbourg
Reçu :
14
Octobre
2002
Accepté :
28
Octobre
2002
Le cannabis est de très loin la drogue illicite la plus consommée en France. Les effets chez l'homme sont dus au delta-9- tétrahydrocannabinol (THC) et au 11-hydroxy-delta-9-tétrahydrocannabinol (11-OH-THC). Les effets aigus consistent en une euphorie, une désinhibition, un état de somnolence pouvant aller jusqu 'à un sommeil profond, des troubles visuels et des troubles de la mémoire à court terme. Avec de tels effets, il n'est pas surprenant que le cannabis puisse être présent dans l'organisme des auteurs et/ou victimes de viols, vols, ou autres crimes faisant appel à la soumission chimique. Cette potentialité n'est cependant pas confirmée par l'expérience des auteurs puisque, parmi plusieurs centaines d'expertises judiciaires réalisées au cours des trois dernières années dans des cas de suspicion de viol, des cannabinoïdes étaient présents dans le sang et/ou les urines de seulement 21 victimes supposées. Pour 9 d'entre-elles, l'analyse des cheveux n'ayant pas été réalisée, la soumission chimique n'a pas pu être confirmée. L'analyse des cheveux a permis de mettre en évidence une consommation chronique de cannabis dans 11 cas. Dans un seul cas, la présence de THC et de 11-OH-THC dans le sang était associée à l'absence de cannabinoïdes dans les cheveux, permettant ainsi de conforter l'hypothèse d'une utilisation du cannabis à des fins criminelles. Les auteurs en concluent que toute recherche positive de cannabinoïdes dans le sang et/ou les urines doit être suivie d'une analyse des cheveux, qui doivent donc être systématiquement prélevés.
Abstract
Cannabis is largely the major drug of abuse consumed in France. Effects in human are due to delta-9 tetrahydrocan- nabinol (THC) and 11-hydroxy delta-9-tetrahydrocannabinol (11-OH-THC). The acute effects are euphoria, desinhibition, drowsiness up to heavy sleep, visual disorders and short-memory troubles. With such effects, it is not surprising that cannabis may be present in the organism of authors and/or victims of rapes, robberies or others crimes using chemical submission. This potentiality is not confirmed by our experience since among several hundreds of toxicological investigations realized during the last three years in sexual assaults cases, cannabinoids were only present in blood and/or urines of 21 subjects. In 9 of these positive cases, since hair analysis was not performed, it was not possible to conclude. In 11 cases, hair analysis revealed a chronic cannabis use. In only one case, THC and 11-OH THC were present in blood whereas hair was free of cannabinoids,, confirming the hypothesis of the use of cannabis for the purpose of a criminal act. The authors conclude that each positive cannabis result in blood or urine has to be followed by hair analysis, a speciem which must be systematically sampled.
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2002