Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 14, Numéro 1, 2002
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Page(s) | 64 - 67 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2002041 | |
Publié en ligne | 8 avril 2009 |
Cannabis sativa var. indica : une menace croissante pour les entreprises
Cannabis sativa var. indica: an increasing hazard for firms
Laboratoire de Biochimie et de Toxicologie, Centre Hospitalier Universitaire - BP 577 - 86021 POITIERS Cedex
Reçu :
1
Février
2002
Accepté :
15
Février
2002
Parmi les drogues illicites, le cannabis est de très loin le produit le plus consommé. Les effets sur l'organisme sont principalement dus au delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). Lors d'un usage peu important et occasionnel, ils consistent en une euphorie, une désinhibition, un état de somnolence, avec détérioration de la perception temporelle et spatiale. Les perturbations de la vision consistent en une mydriase, pouvant être accompagnée d'un nystagmus et d'une diplopie. Des troubles de la mémoire à court terme sont fréquemment observés. Ces effets, qui persistent pendant 2 à 10 heures, sont difficilement compatibles avec la réalisation d'actes complexes. Un usage fréquent et important peut conduire à des attaques de panique, des crises d'angoisse, voire l'apparition d'une psychose cannabique avec notamment la survenue d'hallucinations visuelles. C'est en raison de ces effets que son usage est considéré comme étant incompatible avec une conduite automobile en toute sécurité. Une étude française récente, réalisée chez 900 conducteurs impliqués dans un accident corporel de la voie publique et 900 sujets témoins, a montré que le nombre des accidents était multiplié par 2,5 chez les conducteurs ayant consommé du cannabis dans les heures précédentes. Aussi la législation française permet désormais de dépister son usage chez les conducteurs impliqués dans un accident corporel de la circulation, avec une obligation dans le cas des accidents mortels. L'absence de récepteurs au niveau bulbaire, et ce faisant l'absence de décès par overdose, a conduit certaines personnes à classer ce produit parmi les substances addictives les moins dangereuses pour l'homme. Une telle classification fait abstraction de la neurotoxicité fonctionnelle importante du THC qui fait que l'usage de ce produit peut constituer un facteur de risque pour autrui. Cela est vrai pour la conduite automobile. Cela peut être tout aussi vrai lorsque les consommateurs occupent des postes de travail dans lesquels les fautes professionnelles peuvent mettre en péril l'entreprise et/ou la collectivité. Ce risque était négligeable à une époque où la consommation de cannabis était marginale. Il devient majeur aujourd'hui compte tenu du nombre de consommateurs et des mesures de prévention s'imposent désormais, au delà du seul principe de précaution.
Abstract
Among the various drugs of abuse, cannabis is by far the most consumed. The effects on human organism are mainly due to delta-9 tetrahydrocannabinol (THC). With low doses and infrequent use, the effects are euphoria, desinhibition, drowsiness, and an alteration of temporal and spatial perception. Visual disorders consist in a mydriasis sometimes accompanied with a nystagmus and a diplopia. Short-memory troubles are frequently observed. These effects, which can persist during 2 to 10 hours, are not compatible with the realization of complex activities. A frequent use may lead to panic and anxiety attacks, and psychiatric disorders such as psychosis with visual hallucinations. Because of these effects, its use is considered to affect traffic safety. A recent French study, performed on 900 drivers involved in a corporal accident and 900 control subjects, indicated the number of accidents was multiplied by 2.5 when drivers had smoked cannabis a few hours before. So, a French law allows to identify drug users in drivers involved in a corporal car accident, with an obligation in the case of fatal accidents. The lack of receptors in the bulb, and then the non-occurrence of deaths by overdose, led some people to the conclusion that cannabis is the least dangerous of addict products. Such an assertion disregards the important functional neurotoxicity of THC which is the reason why cannabis use may represent a risk factor for others. That is true for car driving. That may be also true in factories when consumers occupy operation stations in which professional errors may imperil the enterprise and/or the collectivity. This risk was negligible when cannabis consumption was rare. But it is very important today on account of the number of consumers and so, prevention measures are now necessary.
Mots clés : cannabis / effets / poste de travail
Key words: cannabis / effects / workstation
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2002