Numéro |
Ann Toxicol Anal
Volume 13, Numéro 1, 2001
|
|
---|---|---|
Page(s) | 1 - 17 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2002023 | |
Publié en ligne | 8 avril 2009 |
Mécanismes de la redistribution post-mortem des xénobiotiques : le point sur l'état actuel des connaissances
Mechanisms underlying postmortem redistribution of drugs: about current knowledges
1
Service de Médecine Légale, Faculté de Médecine - 13385 MARSEILLE Cedex 5
2
Service de Pharmacologie et Toxicologie, Hôpital Universitaire Dupuytren - 87042 LIMOGES
3
Laboratoire d'Anatomie, Faculté de Médecine - 13385 MARSEILLE Cedex 5
Reçu :
5
Novembre
2000
Accepté :
10
Janvier
2001
Les concentrations des molécules obtenues à partir d'échantillons post-mortem ne sont pas forcément le reflet des concentrations au moment du décès. Ces concentrations post-mortem peuvent varier soit en fonction des différents sites de prélèvement, soit en fonction du délai entre le décès et la réalisation des prélèvements. Ces phénomènes ont été regroupés sous le terme de redistribution post-mortem. Les mécanismes présidant à ces phénomènes de redistribution sont complexes et multifactoriels. Ils dépendent en premier lieu de l'évolution des phénomènes cadavériques. En période post-mortem précoce, certains organes, qualifiés “d'organes réservoirs” peuvent relarguer les xénobiotiques concentrés avant le décès. Il s'agit essentiellement du tractus gastro-intestinal, du foie, des poumons ou du myocarde. La lyse cellulaire et plus tardivement la putréfaction favorisent également les phénomènes de redistribution. Le profil physico-chimique et pharmacocinétique des xénobiotiques semble être également un facteur déterminant, mais ces aspects sont moins bien connus. La seule certitude actuelle repose sur le fait que les molécules lipophiles à large volume de distribution subissent d'importants phénomènes de redistribution. L'étude de la littérature montre cependant que cette explication est largement insuffisante pour de nombreuses molécules. D'autre part, l'éventualité de la poursuite du métabolisme de certaines molécules en période postmortem immédiate doit être envisagée. D'un point de vue pratique, il est impératif de pouvoir disposer de prélèvements autopsiques multiples afin de limiter les difficultés d'interprétation et d'approcher les mécanismes présidant à ces phénomènes de redistribution. Enfin, nous pensons qu 'il est nécessaire de quantifier les variations observées, vraisemblablement sous forme de pourcentage, afin d'harmoniser l'interprétation de ces phénomènes.
Abstract
Postmortem concentrations of drugs do not necessarily reflect their concentrations at the time of death. During the postmortem period drug levels may vary according to the sampling site and the interval between death and the time of sample. These site- and time-dependent variations are called “postmortem redistribution”. The underlying mechanisms are complicated depending on postmortem changes as well as on pharmacokinetic parameters. Passive drug release from drug reservoirs (e.g. gastro-intestinal tract, liver, lungs, myocardium) may occur immediately after death. Later, autolysis and putrefactive processes participate in the redistribution. Concerning pharmacokinetics, there is some evidence that basic lipophilic drugs with a large volume of distribution show important postmortem redistribution. Nevertheless, it can not explain the postmortem redistribution of non-basic and non-lipophilic drugs. Moreover, the persistance of a drug metabolism immediately after death has to be considered. The examination of samples originating from different sites is of a great importance in order to avoid misinterpretations and to unserstand the underlying mechanisms of postmortem redistribution. Furthermore, the quantification of these site- and/or time-differences expression the form of ratios can be a way to harmonize the interpretation of the results.
Mots clés : redistribution post-mortem / organes réservoirs / lyse cellulaire / putréfaction / aspects pharmacocinétiques
Key words: postmortem redistribution / drug reservoirs / autolysis / putrefactive process / pharmacokinetics
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2001