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Ann Toxicol Anal
Volume 19, Number 2, 2007
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Page(s) | 135 - 140 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata:2007018 | |
Published online | 06 December 2007 |
Thiodicarbe : distribution tissulaire post-mortem suite à une intoxication volontaire
Thiodicarb: Post-mortem tissue distribution following a self-poisoning
1
Laboratoire de Pharmacologie et Toxicologie, Hôpital Maison-Blanche,
CHU de Reims, France
2
Fédération Médico-Judiciaire de CHU de Reims, France
Auteur de correspondance : ghoizey@chu-reims.fr
Reçu :
11
Octobre
2006
Accepté :
19
Mars
2007
Le thiodicarbe est un insecticide liquide de la famille des carbamates anticholinestérasiques, dont l'activité est en partie liée à son principal produit de dégradation, le méthomyl. Une femme de 40 ans est retrouvée sans vie dans son véhicule au côté de plusieurs emballages de médicaments et d'un flacon ouvert de Larvin® (thiodicarbe). L'autopsie ne permet pas de déterminer l'origine de la mort, et laisse suspecter, du fait des circonstances, une origine toxique dans un but d'autolyse. Le contenu gastrique ainsi que les prélèvements sanguins et tissulaires effectués lors de l'examen post-mortem sont adressés au laboratoire pour analyses toxicologiques. Ces analyses ont permis d'identifier dans le sang, les urines et le contenu gastrique de la victime, plusieurs substances médicamenteuses, en particulier, le zolpidem, le bromazépam, le nordiazépam et la lévoprémazine dont les concentrations sanguines ont été retrouvées nettement supérieures aux valeurs connues pour être thérapeutiques. Les dosages spécifiques du thiodicarbe et du méthomyl ont été réalisés par CLHP-SM/SM à trappe d'ions dans l'ensemble des prélèvements autopsiques. Le pouvoir anticholinestérasique du sang, des urines et du contenu gastrique était respectivement de 83, 82 et 32% (normale : 0%). L'analyse du contenu de la bouteille découverte sur la scène, confirmait la nature du composé. Alors que le thiodicarbe n'a été mis en évidence que dans le contenu gastrique, son principal métabolite a été détecté dans la plupart des tissus et fluides autopsiques analysés. Ceci peut s'expliquer par l'instabilité du thiodicarbe dans un environnement acide, tel que l'estomac. Les concentrations de méthomyl mesurées dans la plupart des tissus et/ou fluides sont compatibles avec les concentrations mesurées dans des cas similaires, bien que ces dernières soient sujettes à une importante variabilité. La forte inhibition cholinestérasique est vraisemblablement à l'origine d'une paralysie respiratoire et de troubles hémodynamiques qui, conjugués à la toxicité des substances médicamenteuses également présentes en quantités importantes, ont conduit à une dépression respiratoire majeure fatale en l'absence de prise en charge thérapeutique rapide.
Abstract
Thiodicarb is a non-systemic carbamate insecticide whose acetylcholinesterase activity is related to its main methomyl degradation product. A 40-year-old woman was found dead in her car. Empty packages of medicines and an open bottle of Larvin® containing thiodicarb were found near her body. No signs of violence nor traumatic injuries were noticed upon autopsy, and police investigations strongly suggested a suicide. Post-mortem peripheral blood, gastric content, urine, bile, vitreous humor, liver, kidney, lung, heart, and brain samples were submitted for toxicological analysis. Systematic analysis revealed the presence of various seda-tives, hypnotics and antipsychotic drugs in blood, urine and gastric content. Some of the compounds identified were determined at blood concentrations well above the known therapeutic concentrations. Specific analysis of thiodicarb and of its methomyl metabolite was then performed on all fluids and tissues collected during autopsy by liquid-chro-matography ion-trap tandem mass spectrometry (LC-MS-MS). The anticholinesterase capacity of blood, urine and gastric content collected at autopsy were 83, 82, and 32%, respectively (normal value: 0%). The presence of thiodicarb in the bottle found near the body confirms the hypothesis of an intake of that compound. Although thiodicarb was only detected in gastric content, its methomyl metabolite was quantified in most post-mortem tissues and fluids. This is probably related to the poor stability of thiodicarb in an acidic environment such as the stomach. Concentrations of methomyl in tissues and fluids were consistent with those measured in similar fatal cases, in spite of a large variability in published results. Methomyl was found to distribute in almost all tissues and fluids investigated. It is thus suggested that the paralysis of respiratory muscles, likely induced by methomyl, in addition to the toxic concentrations of respiratory depressant drugs such benzodiaze-pines, could have facilitated death.
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2007