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Ann Toxicol Anal
Volume 15, Number 4, 2003
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Page(s) | 266 - 270 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2003005 | |
Published online | 20 March 2009 |
Une intoxication volontaire grave à la venlafaxine
Acute non-fatal venlafaxine self-poisoning : a case report
1
Laboratoire de Pharmacologie et Toxicologie, Hôpital Maison-Blanche, CHU de Reims, France
2
Service d'Aide Médicale Urgente, Centre de Toxicovigilance, CHU de Reims, France
3
Centre Régional de Pharmacovigilance, CHU de Reims, France
Reçu :
7
Octobre
2003
Accepté :
22
Décembre
2003
Une jeune femme de 24 ans est admise aux urgences dans un état de coma réactif, secondaire à l'ingestion volontaire, probable, de 60 comprimés de venlafaxine dosés à 50 mg. Durant son transport et à son arrivée à l'hôpital, elle présente plusieurs crises convulsives généralisées. L'examen clinique montre une tachycardie, avec à l'ECG un rythme sinusal à QRS fins. L'interrogatoire révèle l'absorption en une prise unique, environ 2 heures précédant l'admission aux urgences, des 3 grammes de venlafaxine, sans aucune autre substance associée. Après une prise en charge thérapeutique conventionnelle avec administration de clonazépam, la patiente quitte le service de réanimation 48 heures après son arrivée. Aucune séquelle n 'est à déplorer. Les analyses toxicologiques effectuées sur les tout premiers prélèvements sanguins ont permis de confirmer, au moyen de la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, la nature du composé incriminé. Plusieurs prélèvements consécutifs ont été réalisés pendant les 24 premières heures de surveillance en service de réanimation. Les concentrations plasmatiques de venlafaxine et de son principal métabolite actif, l'O-déméthylvenlafaxine, ont été déterminées par chromatographie liquide haute performance et détection ultraviolette. Ce cas d'intoxication avec 3 grammes de venlafaxine absorbée isolément, documenté par des dosages sanguins répétés, n'a, à notre connaissance, pas encore été décrit en France. Sur le plan de la symptomatologie clinique et du suivi toxicocinétique, cette observation est en accord avec plusieurs données de la littérature. Enfin, il apparaît que la persistance d'une tachycardie sinusale au moins pendant 12 heures suivant l'intoxication, soit en relation avec le maintien, sur cette même période, de concentrations de venlafaxine et de son métabolite actif, supérieures aux concentrations thérapeutiques.
Abstract
A 24 year-old young women was admitted to emergency unit, after the ingestion of 60 venlafaxine 50-mg tablets. During transport and after her arrival at the hospital, she experienced several generalized seizures. Physical examination revealed a coma, and the electrocardiogram showed a sinus tachycardia with a normal QRS complex. On further questioning, she stated that she had ingested 3 g of venlafaxine, approximately 2 hours prior to her admission. She denied ingesting any other medication. Following a classical and appropriate treatment, she recovered completely and was discharged after 48 hours. Initial toxicological testing permitted us to confirm the overdose by that compound. Venlafaxine was identified in plasma by gas-chromatography and mass-spectrometry detection. Blood specimens were serially collected from her admission up to 24 hours after poisoning. Concentrations of venlafaxine and its major metabolite, O-desmethylvenlafaxine, were determined in plasma by using a high-performance liquid chromatography assay. Following a basic toxicokinetics study, the results are discussed in light of both literature, and development of clinical symptoms.
Mots clés : venlafaxine / intoxication aiguë / toxicocinétique
Key words: venlafaxine / acute poisoning / toxicokinetics
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2003