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Ann Toxicol Anal
Volume 14, Number 1, 2002
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Page(s) | 33 - 42 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ata/2002036 | |
Published online | 08 April 2009 |
Place de la salive et des cheveux dans le dépistage d'un usage de stupéfiants en milieu professionnel
Place of oral fluid and hair for workplace drug testing
1
Institut National de Criminalistique et de Criminologie (I.N.C.C.), Chaussée de Vilvorde
100, 1120 BRUXELLES, Belgique
2
Institut de Médecine Légale, 11, rue Humann - 67000 STRASBOURG
Reçu :
1
Février
2002
Accepté :
15
Février
2002
La procédure standard d'une recherche de stupéfiants en milieu professionnel consiste en un criblage d'un échantillon d'urine par une technique immunochimique suivie d'une confirmation par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (CG/SM). Cette technique d'analyse en deux étapes est consensuelle, et apparaît applicable à d'autres fluides biologiques. En effet, ces dernières années, les progrès remarquables des techniques analytiques en terme de sensibilité ont permis l'identification de stupéfiants à partir de matrices non-conventionelles telles la salive et les cheveux. Le principal avantage de ces matrices est un prélèvement non invasif qui peut se faire sous surveillance étroite, diminuant ainsi les risques de modifications ou de substitutions des échantillons. La présence d'un stupéfiant dans la salive peut être consécutif à l'excrétion du produit à partir du sang ou à une contamination de la cavité buccale lors de la consommation par voie orale, sniffée ou fumée. Un protocole de recueil salivaire bien défini et reproductible est important pour permettre l'interprétation des concentrations salivaires. Une approche immunochimique spécifique et sensible a été développée pour le criblage au niveau du laboratoire. Compte tenu d'un volume d'échantillon relativement faible (1 à 2 ml) et des faibles concentrations retrouvées dans la salive, il est nécessaire de faire appel à des techniques chromatographiques très sensibles telles la CG/SM/SM, la CLHP/SM/SM ou la CG/SM/ICN pour la confirmation. Un test salivaire positif peut raisonnablement être associé à une consommation récente, globalement jusqu'à 12 à 24 heures avant le dépistage. Des études récentes ont démontré que la recherche de Δ-9-tétrahydrocannabinol dans la salive peut révéler une consommation récente d'une dose unique de marijuana alors même que l'analyse d'un échantillon d'urine pourrait s'avérer négative jusque 4 à 6 heures après avoir fumé un joint. En ce qui concerne l'analyse des stupéfiants dans les cheveux, les résultats sont significatifs des semaines, voire des mois, après consommation, ce qui pourrait être très utile, par exemple, dans le cas de dépistage de futurs collaborateurs au sein d'une entreprise. De nombreuses substances psycho-actives ont été identifiées dans les cheveux. Comme pour la salive, la recherche des stupéfiants dans les cheveux doit cibler la substance mère, que ce soit pour le dépistage ou pour la confirmation. Certains aspects de l'interprétation des analyses sont encore en discussion : difficulté à détecter un usage récent, influence de la couleur des cheveux, de l'origine ethnique et du sexe, et distinction entre utilisation active et exposition passive. Des programmes d'assurance qualité pour les cheveux, la salive et la sueur commencent à être initiés aux Etats-Unis et en Europe (Society of Hair Testing) avec des recommandations de sociétés savantes, comme par exemple, l'emploi de seuils de positivité pour le dépistage et la confirmation.
Abstract
The standard in workplace drug testing has been the immunoassay screen followed by the gas chromatography/mass spectrometry (GC/MS) confirmation conducted on a urine sample. This two-step drug testing technology is generally accepted and is embedded into a comprehensive system of workplace drug testing also allowing the use of other bodyfluids. In recent years, remarkable advances in sensitive analytical techniques have enabled the analysis of drugs in unconventional biological specimens such as saliva and hair. The main advantage of these matrices over conventional media is obviously the non-invasive collection protocol, which can be achieved under close supervision to prevent adulteration or substitution of the samples. Drugs appear in oral fluid via multiple pathways e.g. excretion from blood and contamination of the oral cavity during oral, intranasal and smoked administration. A reproducible, well-defined collection protocol is important to simplify the interpretation of quantitative results. Specific and sensitive micro-plate Enzyme immunoassays are developed for screening of oral fluid on a laboratory basis. For confirmation analysis, due to the lower sample volume available and the lower concentrations detected in saliva, in comparison to urine, very sensitive chromatographic techniques like GCMS- MS, LC-MS-MS and GC-MS-NCI should be used. A positive result from an oral fluid test can be interpreted as being attributable to recent drug use, generally within 12-24 h. Recent studies have shown that oral fluid testing for Δ-9- tetrahydrocannabinol can pick up recent use of a single dose of marihuana whereas the corresponding urine sample might be negative for 4-6 hrs after smoking. In the case of hair, the window of drug detection is dramatically extended to weeks or months which could be useful e.g. in pre-employment testing. A wide variety of drugs has been detected in hair. As for oral fluid, drug testing in hair should focus on the parent drug ; similar analytical techniques should be used for screening and confirmation. Some issues that remain partially unresolved are : the difficulty to detect recent drug use, the influence of color, ethnic origin and sex on the concentrations of some analytes, and the distinction between active use and passive exposure. A performance testing program for laboratories was initiated in the US, recently followed by the Society of Hair Testing with draft guidelines for oral fluid, sweat and hair, proposing for example meaningful cut-off values for screening and confirmation.
Mots clés : salive / cheveux / stupéfiants / dépistage / milieu professionnel
Key words: saliva / oral fluid / hair / drugs of abuse / screening / workplace drug testing
© Société Française de Toxicologie Analytique, 2002